La préparation mentale, enjeu d’avenir pour le football

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Tout le monde s’accorde à dire que le mental est un facteur de réussite. La plupart des joueurs et des entraineurs de foot partagent cet avis. Pourtant, peu passent vraiment à l’action. Peu de joueurs s’entrainent mentalement. Et peu d’entraineur se forment sur ces sujets.

Je présenterai ici quelques fondamentaux de l’entrainement mental qui peuvent être facilement intégrés dans des séances classiques.

Le mental, omniprésent mais négligé

‘’Le mental’’. Tout joueur de football sait qu’il doit en faire preuve au moment de rentrer sur le terrain. Le discours d’avant match de l’entraineur insiste sur le rôle et l’engagement de chacun pour le bien de l’équipe. D’ailleurs, on pourrait voir la causerie comme une vraie technique de préparation mentale. Dommage qu’elle soit souvent sommaire.

De fait, tout le monde s’accorde à dire aujourd’hui que les joueurs sont très bien préparés physiquement, techniquement et tactiquement. Ces trois dimensions sont travaillées à chaque séance d’entrainement et de façon très optimales chez les professionnels. Mais qu’en est-il de la préparation mentale ? A quel moment est-elle abordée au sein d’une séance d’entrainement ? D’après mon expérience, quasiment jamais. Ou bien on la travaille mais sans s’en rendre compte, comme pour les causeries, sans que ce soit vraiment théorisé et/ou opérationnalisé.

C’est paradoxal car il est évident que l’aspect psychologique est très influant chez un sportif, à tous les niveaux. Le mental est même souvent associée directement au résultat et aux comportements des joueurs : telle défaite, « les joueurs n’étaient pas assez motivés », tel tir au but raté, « on voyait dans ses yeux qu’il avait peur », tel carton rouge, « ce joueur est vraiment trop impulsif ». Donc dans le foot, le mental est partout mais nulle part.

Le mental sera quelque part

La difficulté de la préparation mentale dans les sports collectifs, est sa prise en charge. On doit suivre des joueurs à titre individuel d’un côté, tout en gardant en tête l’aspect collectif. Il faut trouver l’alchimie entre les différentes personnalités, les motivations des joueurs, de l’entraineur, du club et les exigences nécessaires au bon fonctionnement de l’équipe.

Dans la préparation mentale individuelle du joueur, on s’attache à prendre en compte de très nombreuses habiletés mentales. On y retrouve les motivations, la confiance en soi, l’estime de soi, l’engagement et sa planification d’objectifs. Il y a aussi les habiletés cognitives telles que la concentration, la reconcentration et la pratique mentale. Et bien évidemment, la gestion du stress et des émotions.

En effet, si on reprend l’exemple de la séance de tirs au but, chacun sait qu’il est difficile de contrôler ses émotions dans cette séquence si particulière. N’importe qui a joué au foot dans sa vie sait que dans ce moment-là, le cerveau s’imagine mettre le ballon 3m au-dessus, que la jambe tremble et qu’on se voit déjà comme la risée du club si on rate son tir.

Apprendre à gérer la situation de stress

Gestion du stress penalty

Beaucoup considèrent les tirs au but comme une loterie, alors que non. Pourquoi un face à face avec le gardien à 11m du but serait-il plus difficile qu’un coup franc direct à 20m ou 25m avec un mur à 9,15m et le gardien sur sa ligne ? A ce moment capital du match, la difficulté du joueur est de gérer son stress, l’environnement mais aussi le flot de pensées qui parcourent son esprit. Comme on l’a vu les pensées qui parcourent la tête de joueur face au but sont souvent négatives. La technique, le joueur la possède. Il a répété ce geste des dizaines de fois. Mais il est rare, qu’il ait entrainé son cerveau à la façon d’aborder ce moment. Sachez que la préparation mentale peut préparer le joueur. Comment ? En utilisant divers outils comme la réalisation de routines, en le mettant dans des conditions similaires à celles du match ou bien encore en lui faisant travailler des points attentionnels.

Concrètement, une partie du travail de préparation mentale peut se réaliser de manière intégrée à la séance d’entrainement en concertation avec l’entraineur. Plutôt que de répéter inlassablement des tirs au but, le préparateur mental va venir déstabiliser les joueurs, il va mettre du bruit, de l’enjeu, des éléments de déconcentration. Il va entrainer le cerveau des joueurs à faire face à différentes situations et donc à mieux gérer les émotions en cas d’imprévu.

Un entrainement concerté

Mais attention, pour mener ce genre de séances, il faut construire un projet commun. Il faut construire un projet dans lequel chaque protagoniste est acteur et a un rôle défini. Le joueur doit positionner son curseur individuel entre ses propres motivations et ce qu’il est prêt à concéder pour la réussite du groupe. Le préparateur mental peut accompagner l’entraineur à bâtir la fameuse cohésion de groupe, si importante pour la réussite d’une équipe de football. De quelle manière ? En observant quels sont les profils des joueurs. Voir quels sont les différents leaders : technique, motivationnel… Puis pourquoi pas en mettant en place les notions d’inclusion, de contrôle et d’ouverture, comme décrites par William Schultz.

L’Inclusion est la création d’un espace afin que chacun puisse exister dans l’équipe. Le contrôle est l’ensemble des règles et le cadre qui garantissent la vie du groupe. Alors l’ouverture peut se réaliser, chaque joueur a sa légitimité dans le groupe et il peut s’exprimer sans craindre de jugement. Chacun est conscient des enjeux. Par contre, les objectifs sportifs d’une saison sont le pré carré du club et de l’entraineur.

Il faut également avoir conscience que la préparation mentale a un rôle important à jouer dans la gestion de la blessure du joueur. Notamment lorsque le footballeur est à l’arrêt pour une longue période. Il est maintenant acquis que l’imagerie mentale est un exercice majeur dans la récupération du sportif. De nombreuses études ont mis en avant les bénéfices de cette pratique, notamment celles de Claire Calmels, chercheur à l’INSEP.

Le mental, facteur de réussite

On se rend bien compte que la préparation mentale a toute sa place dans nos équipes de football et ce quel que soit le niveau de pratique. Le monde professionnel commence à peine à entrouvrir la porte. Idem concernant le cursus de formation de la FFF avec un module de 16h sur la connaissance et préparation mentale. C’est pourquoi, à l’image de la préparation physique qui a intégré les clubs à la fin des années 90, la préparation mentale sera le facteur de réussite des clubs de demain.

Outre la joie, toutes les émotions positives sont contagieuses. Elles le sont peut-être moins car la vague de la joie est vraiment forte, mais la gratitude, l’amour, la compassion, la curiosité, la sérénité des autres sont autant de petites doses de positif qui viennent vous réconforter.

Ce constat a donc deux grandes conséquences. La première est qu’il faut savoir s’entourer de personnes plutôt stables émotionnellement et qui ont une tendance à cultiver les émotions positives. La deuxième conséquence est que si vous voulez absolument « aider » les autres, pensez d’abord à vous. Commencez à vous entrainer à la gestion de vos propres émotions. De sorte, en vous consacrant du temps, vous augmentez votre « énergie » et vous serez plus à même de créer une ambiance positive autour de vous.

Ce qui peut paraître comme un postulat égocentrique est à mon sens tout l’inverse. Pour donner il faut d’abord avoir quelque chose à donner.

Dans de prochains articles, je reviendrai longuement sur les outils employés dans cet entrainement mental au bien-être, sur les techniques qui vous permettent de trouver votre équilibre.