« La patience et la maîtrise de son stress et de ses peurs sont primordiales. Ce n’est pas comme dans d’autres sports, où si on loupe une passe ou un coup droit, on envoie la balle hors du terrain. Si notre geste n’est pas bien réalisé, on peut chuter de 10 à 15 mètres de haut. »
Rémi Bizouard, Triple champion du monde de FMX (entretien pour Acidmoto)
Aborder le stress dans le sport est à la fois inévitable et complexe. Inévitable parce que la plupart des athlètes qui me contactent pour un suivi axé sur la performance formulent des attentes directes envers la gestion du stress : ils ressentent beaucoup de stress, ce qui perturbe leur efficacité en compétition. Dans les cas les plus intenses, il réduit considérablement le plaisir de « jouer ». Il peut même en contraindre certains à arrêter toute pratique. Le stress est aussi une notion complexe à aborder parce qu’il est très difficile pour un sportif d’assumer qu’il stresse. D’ailleurs, certains d’entre eux estiment que le stress est bénéfique pour leur pratique – une idée très répandue dans le monde sportif, prêtant au stress des vertus « positives », dans le sens où il stimule avant l’effort. Malheureusement, cette croyance est en partie fausse. Il n’existe pas de stress positif, car les conséquences du stress sont toujours plus négatives que positives. En revanche, il est vrai que le stress permet de rehausser le niveau d’énergie du sportif, ce qui peut être associé à une meilleure capacité de performance.
Quoi qu’il en soit, les premières réactions de stress que le sportif ressent sont souvent somatiques. Elles correspondent aux réponses physiologiques face à différentes pressions (un entraînement difficile, un match à venir, une conférence de presse, etc.). Bien évidemment, les moments les plus stressants pour le sportif restent les compétitions. Notons que le niveau de stress peut varier très fortement pour un même match. Nous savons également que les personnes sont plus ou moins fortement sujettes au stress selon l’enjeu de la compétition. Pour certains, l’enjeu augmentera au fil de la compétition et des chances de gagner un tournoi. Le niveau de la compétition, le nombre de personnes présentes dans le public, les récompenses financières font également varier la perception de l’enjeu. Pour d’autres, il y aura plus de pression (d’enjeu) face à un adversaire « plus faible » car une défaite serait considérée comme une contre-performance. (« Contre un adversaire mieux classé que moi, je n’ai rien à perdre. »). Cela illustre bien le caractère subjectif du stress. Le stress dépend de la perception de chacun. À mon sens, tous les matchs ou compétitions sont potentiellement stressants.
Le stress somatique renvoie à la dimension physiologique. Les principaux symptômes sont donc :
Plus vous êtes stressé, plus vous aurez tendance à ressentir ces symptômes, et ce plusieurs jours avant le début d’une compétition.
En réaction au stress apparaissent dans un deuxième temps les symptômes de stress psychologique. Ce sont toutes les peurs, toutes les pensées négatives qui surviennent face à une situation stressante : la peur de ne pas y arriver, de se faire mal, de décevoir quelqu’un, de ne pas être à la hauteur, de perdre, d’échouer, etc.
On pourrait également ajouter à cela le changement d’humeur et le bouleversement des émotions. Les personnes « en stress » sont ainsi souvent agressives, irritables, nerveuses, ce qui nuit à leurs relations avec les autres.
Pour bien comprendre ces manifestations de stress, il faut vous dire que votre cerveau reçoit simplement une menace et qu’il fait tout pour vous alerter; il fait son travail.
Si vous nagez dans la mer et que vous vous voyez un requin qui s’approche de vous, votre cerveau va vous alerter et vous envoyer des messages de stress importants. C’est une réponse normale de votre cerveau, qui réagit face au danger et protège votre vie. Cette réaction se retrouve chez tous les êtres humains et tous les animaux, elle renvoie au caractère primitif du stress, en tant qu’élément d’adaptation à son environnement.
À bien des égards, une situation de match peut être comparée à une confrontation avec un requin ! Vous ne jouez pas votre vie sur un match, mais votre cerveau peut le croire. Cela dépend de ce que vous mettez dans « ce match », de votre perception de l’enjeu.
Sachez qu’il ne sert à rien de refouler ces pensées négatives, ou de chercher à ne pas penser à… Votre cerveau continuera d’y penser. Il est également contre-productif de s’attaquer directement aux pensées. Ce qu’il faut viser, ce n’est pas la disparition des pensées, mais votre enjeu de la compétition. C’est votre perception, et la part trop grande de vous que vous mettez dans la compétition, qui induira les pensées négatives.
Il faut donc travailler cette perception. Comme l’explique John McEnroe (cité par J. Roussel) : « Le trac est fondamentalement le même chez le champion et le débutant. La différence vient du fait que le premier a appris à mieux le maîtriser. » Commencez d’abord par évaluer votre stress, viendra ensuite le temps de sa régulation.