Abordons le rôle que vous avez en tant qu’entraineur dans l’équilibre motivationnel de vos athlètes. Votre personnalité, votre discours influencent considérablement leur façon de jouer mais aussi leur ENVIE de jouer. Dans ce chapitre, nous verrons donc quels comportements privilégier et vous présenterons un protocole de planification des objectifs.
La motivation : un climat à mettre en place
La théorie des buts d’accomplissement utilise le concept de « climat motivationnel » pour parler de l’ambiance qui règne dans les cours d’éducation physique. C’est un concept qui est ainsi fortement étudié en sciences du sport, dans la démarche de transmission pédagogique.
Dans cette approche, on distingue deux formes de motivations : les motivations centrées sur la tâche et les motivations centrées sur l’ego (Harwood, 2005) :
- Les motivations basées sur la tâche se réfèrent à la nécessité de progrès, de se dépasser. Elles sont axées sur le processus qui aboutit au résultat plutôt que sur le résultat lui-même. Elles ont aussi le bénéfice de s’extraire du jugement social, parce que l’athlète orienté vers les tâches ne se compare qu’à lui-même.Il évalue lui-même ses progrès dans le temps.
- Les motivations centrées sur l’ego sont beaucoup plus axées sur la comparaison aux autres. Elles portent sur la compétition, le résultat et la quête d’une médaille. Les athlètes centrés sur l’égo veulent inévitablement être meilleurs que leurs adversaires. Ils veulent briller et se sentir plus forts au travers de leurs résultats.
En complément de cette répartition ego vs tache, d’autres auteurs ont mis en avant l’existence de deux types d’environnement sportifs (Deci & Ryan, 2012) : l’environnement soutenant l’autonomie et l’environnement contrôlant l’autonomie.
Nous tenons à attirer votre attention sur le fait que votre discours, votre attitude et vos propres objectifs influencent grandement la motivation de vos athlètes. Par sa façon d’entrainer, ses rétroactions et ses pratiques pédagogiques, l’entraineur valorise l’adoption de certains buts chez ses pratiquants. En clair, il les oriente vers la tâche ou vers l’ego.
Or, il est communément acquis dans la recherche, que les buts de maitrise sont « supérieurs » aux buts d’ego, dans le sens où ils induisent un état psychologique plus positif.
Par exemple, les sportifs qui sont plus centrés sur la tâche sont plus impliqués à long terme, ils ont le sens du défi, ils sont plus organisés et ont des stratégies de gestion du stress plus efficaces.
A l’inverse, les sportifs qui sont plus centrés sur l’ego sont moins à même de se dépasser, ils apprécient moins l’effort, ont tendance à vite fuir devant l’obstacle et sont plus influencés par les émotions négatives comme la peur, la frustration, la honte ou la colère.
A plus long terme, il semblerait même qu’une motivation centrée essentiellement sur l’ego soit une source d’arrêt de la pratique sportive.
Un exemple très célèbre et qui illustre parfaitement cette situation, est celui de Laure Manaudou. A la fin de sa carrière, elle a expliqué à de nombreuses reprises son rejet de la natation.
Question du journaliste Thomas Sotto au micro d’Europe1[1] : « Première page, première ligne de votre livre, il est écrit je n’ai jamais aimé nager. Est-ce que c’est une formule pour aider les journalistes à commencer leur interview ou est-ce que c’est la vérité ? »
Réponse de Laure Manaudou : « Non, c’est la vérité. Je n’ai jamais aimé nager mais pas contre j’ai toujours aimé gagner, et c’est ça qui me faisait nager. »
Conseil de psy :
Na manifestez pas trop votre joie en cas de victoire. Vos joueurs ne vont retenir que ça et votre cri de joie annihilera toute votre démarche de se centrer sur la tâche…
[1] Interview du 9 octobre 2014 dont la vidéo studio est diffusé sur YouTube
