Les 5 meilleures astuces pour travailler le stress de vos sportifs à l’entraînement

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Le stress est une thématique qui me tient très à cœur. Je considère que c’est la compétence fondamentale à travailler en préparation mentale. Pour le dire autrement, 80 à 90 % des sportifs viennent me consulter pour traiter cette thématique.

Ils viennent parce qu’ils sont trop stressés en match. Ils s’en rendent plus ou moins compte et ils espèrent que vous allez les aider à mieux jouer.

Ils mettent généralement en avant le fait qu’ils ont trop de pensées en match et qu’ils sont de super joueurs d’entraînement mais qu’il y a un écart entre leur niveau, leur potentiel à l’entraînement et ce qu’ils font vraiment sur le terrain en compétition. Ils ne savent pas expliquer le rapport de cause à effet.

Et je vous le dis, la cause première d’influence négative sur la performance, sur l’automaticité du geste et la simplicité à jouer, c’est le stress.

Donc, quand vous savez gérer le stress chez vos sportifs, les accompagner et faire en sorte qu’ils augmentent leur propre gestion du stress, ils deviennent plus heureux dans leur quotidien. Mais ils sont aussi plus performants dans leur démarche sportive ou même entrepreneurial, artistique, scolaire etc.

Cependant, il faut faire attention car il y a un protocole à respecter dans le travail de gestion du stress. On accorde une place importante à cela dans nos différentes formations. Par exemple, on propose tout un déroulé clé en main des processus à suivre et des outils à utiliser pour travailler les émotions négatives dans notre formation dédiée aux entraîneurs.

Et dans cet article, je vais vous présenter des astuces à mettre en place sur le terrain pour enclencher un premier travail de gestion du stress. Ces astuces sont à appliquer, en majorité, dans un environnement d’entraînement. 

J’ai fait le constat après plus de 1 000 suivis en préparation mentale, que souvent les entraîneurs espérent que les joueurs jouent tranquillement en match (c’est à dire sans stress) en faisant appel à leur talent pur, leur expertise ou leur expérience.

Mais ça ne marche pas.

Parce que pour travailler le stress, il faut d’abord être stressé à l’entraînement. Et une des grosses erreurs que font les entraîneurs, c’est qu’ils ne stressent pas les sportifs à l’entraînement.

Si vous voulez que vos joueurs réussissent à gérer la pression d’un événement sportif important, il faut d’abord qu’ils apprennent à sentir cette pression hors compétition.

Fini l’introduction, c’est parti pour les 5 meilleurs astuces pour travailler le stress de vos sportifs à l’entraînement ! 

1. Faire peur

La première astuce est très simple car c’est une astuce de « manipulation ».

Elle consiste à faire peur à vos jeunes ou moins jeunes sportifs.

Je m’explique.

Vous leur dites par exemple à la fin de l’entraînement que la prochaine séance sera très difficile. Par exemple :  « Attention, la prochaine fois, tu seras en difficulté et je vais te mettre dans le rouge. Je vais chercher à te faire stresser et je vais voir comment tu réagis ». En faisant ça, vous amorcez ou déclenchez chez eux directement une hausse de la tension et de l’anticipation du stress.

C’est exactement le même procédé quand vous dites à vos sportifs que vous allez faire une grosse, grosse, grosse séance physique la prochaine fois.

Naturellement, le corps anticipe la douleur et la difficulté. Et donc on arrive à l’entraînement toujours un peu plus friable, un peu plus tendu, encore plus stressé parce que le corps anticipe que ça va faire mal.

Ce sera à eux de trouver des solutions. En termes de graduation sur 10, si généralement ils arrivent à l’entraînement avec un stress de 2/10, l’objectif serait qu’ils soient dès le début à 4 ou 5/10 grâce à cette technique. 

Vous verrez qu’ils vont, petit à petit, s’efforcer à trouver des solutions pour mieux gérer le stress.

Et surtout, à la fin de l’entrainement, n’oubliez pas d’aller les féliciter et leur dire qu’ils ont réussi. Il est très important de renforcer les efforts qu’ils ont fait.

2. Le jugement social

J’entends par là que vous allez faire en sorte de confronter vos sportifs au regard des autres à l’entraînement.

Le constat qu’on fait tous dès qu’on suit un sportif, c’est qu’il joue différemment en match dès que les parents ou les copains viennent.

La présence de personnes qui le regardent augmente son sentiment de jugement social et entraîne une augmentation importante du stress.

L’objectif pour vous est donc de reproduire ce schéma à l’entraînement.

Pour ça, il vous faut un peu d’aide. Vous devez faire venir, si possible, des supporters, des parents, des gars que vous présentez comme des futurs recruteurs ou des potentiels agents.

Vous jouez avec ça pour que vos athlètes aient la pression d’être jugés et d’être d’être en situation d’observation et donc de devoir bien jouer.

Je fais souvent ça avec des joueurs pros avec qui je travaille sur des séquences particulières sur le terrain.

Je mets de l’inconfort avec la musique, des couleurs et des distracteurs. Et je joue aussi avec les supporters. Je fais en sorte de faire venir quelques supporters avec moi à la séance.

Ce qui est marrant, c’est que des mecs qui jouent devant 50 000 personnes le samedi en match sont beaucoup plus en panique de s’entraîner devant trois ou quatre supporters, fans du club.

Ça leur apprend à faire face tranquillement au regard des autres. Donc n’hésitez pas à créer une situation de jugement.

Et en fin de séance, prenez le temps de débriefer. Demandez en quoi la situation était compliqué, ce qui était difficile. Et essayez d’objectiver un maximum. C’est à dire de mettre des chiffres derrière tout ça.

Par exemple : « À combien étais-tu stressé avant la mise en situation et à combien étais-tu durant l’exercice ? »

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3. Changer l’environnement

J’ai été interloqué quand j’ai vu le documentaire « Le trou du diable » sur Canal+.

Il montrait en quoi le parcours du Master d’Augusta est si particulier avec toute l’ambiance des spectateurs, le brouhaha permanent et l’environnement. 

Il y avait un travail à faire sur le chaud et le froid parce que les gars passaient :

  • de l’extérieur, très chaud au froid des couloirs
  • de la lumière du jour à l’obscurité des couloirs

Et en effet, le changement de climat, de température, de luminosité, d’ambiance, sonore, musicale, de parfum, ça joue énormément sur le stress des sportifs parce qu’ils doivent à chaque fois s’adapter.

Leur corps et leur niveau de stress réagissent sur le plan physiologique, somatique et cognitif lorsqu’ils ont à faire face à trop de changements environnementaux.

Donc il vous faut réussir à créer des changements de lumière, des changements de température, jouer avec les chauffages, les climatisations.

Faites les jouer avec 1 pull, 2 pulls, des joggings.

Jouez avec tous ces éléments liés à l’environnement de sorte que leur cerveau anticipe des changements de météo, des changements de climat ou des changements de luminosité.

Il est également très important d’effectuer des changements d’odorat.

Ça augmentera leur flexibilité mentale et le sentiment de confiance du cerveau d’être prêt à tout. Ça le rend très fort et beaucoup moins sensible aux aléas de l’environnement.

4. Matériel défaillant

J’aime beaucoup appliquer cette technique avec mes sportifs. Elle découle en partie du documentaire cité dans l’astuce précédente.

À un moment du parcours, le joueur de golf doit faire face à un problème de matériel. Il perd soudainement une partie de son club, improbable !

Sauf qu’on est en pleine compétition, donc il doit y faire face. Il décide de recoller la partie manquante avec de la glue.

Cette chose a dû lui arriver une fois dans sa vie. Mais ça tombait très mal. 

La morale de cet événement est qu’il faut anticiper des problèmes de matériel qui casse, anticiper le fait de jouer avec des ballons plus ou moins bien gonflés, d’avoir des crevaisons en route, etc. De fait, anticipez tout ce qui va être lié au matériel et qui va demander au sportif de s’adapter.

Ça lui permettra d’accepter encore mieux la situation.

5. Performance

Le gros problème qu’il y a entre l’entraînement et la compétition, c’est que les sportifs ont l’impression qu’il n’y a de l’enjeu que dans la compétition.

Or, il doit y avoir de l’enjeu dans l’entraînement. Et c’est à vous de l’intégrer !

C’est à vous d’aller chercher du défi, des paris, de la confrontation, des mises en situation, du challenge, de créer des objectifs de performance brute à l’entraînement, sur les séquences de tirs, de lancers, de penalties, etc.

C’est à vous de mettre ces petits éléments de performance à l’entraînement, de sorte que les sportifs soient préparés à l’enjeu réel de la compétition.

Je sais bien qu’on finit toujours par des matches à l’entraînement, avec la confrontation habituelle. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut faire un peu plus que ça.

Il faut aller chercher vraiment le défi, le challenge, mettre de l’engagement.

Et plus les sportifs seront habitués à faire face aux défis et aux challenges à l’entraînement, plus ils sauront faire face à l’enjeu de la compétition.

En conclusion, si vous voulez travailler le stress de façon très pratique à l’entraînement, il faut vraiment augmenter votre niveau d’exigence à l’entraînement. Il faut aller chercher des situations stressantes, chercher de la confrontation et chercher du résultat.

Vos sportifs gagneront en flexibilité mentale et pourront alors s’adapter à un maximum de contextes différents. Vous limiterez donc les variations de performance d’une compétition à l’autre ! 

A propos de l'auteur

Docteur en psychologie, spécialisé en psychologie du sport et de la santé. Il est notamment l’auteur de « Préparation mentale du sportif » (2017) et « Le bien-être ça se travaille » (2018) aux Editions Vigot. Son approche, basée sur les principes de la Mindfulness et de l’intelligence émotionnelle, propose à chacun d’apprendre à mieux gérer son stress et ses émotions.