Se forger un mental d’acier : les précieux conseils pour performer

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Vous êtes un sportif de haut niveau ? Un simple amateur ? Professionnel ou sportif du dimanche, nous devons tous faire face à des rendez-vous importants et stressants ? Pas de panique !
Anthony Mette (président de Focus Consultants), l’homme qui fait méditer les sportifs, vous livre ses précieux secrets à appliquer dans le sport, ou dans la vie de tous les jours
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La nourriture a-t-elle un rôle à jouer dans la préparation mentale ?

Oui, c’est essentiel. Ce n’est pas une découverte, avant J.-C., déjà, les athlètes grecs faisaient attention à leurs repas. Le régime joue sur les humeurs, les émotions, l’agressivité, le calme.
Il n’y a pas de recette magique, tout cela dépendra de la personne qui l’applique. Mais les aliments peuvent jouer sur les besoins du sportif. La viande rouge augmentera l’agressivité et rendra l’esprit plus vivace, alors que des légumes vapeur faciliteront davantage la tranquillité et le calme. Mais tout ça, c’est plutôt le travail des nutritionnistes.

Demain, je passe l’entretien de ma vie. Que faire pour être prêt mentalement ?

Se sentir mentalement prêt à passer un entretien d'embauche

Le meilleur conseil est de tout anticiper de A à Z. Du plus petit détail au plus important. L’heure de départ, la station d’arrivée, les vêtements que tu veux porter, ce que tu vas prendre au petit déjeuner, puis les questions qu’on risque de te poser à l’entretien. La technique la plus efficace est d’écrire tout ça noir sur blanc. Poser les choses sur papier est plus efficace qu’une simple mentalisation. C’est pareil dans le sport, avant une compétition importante. Les athlètes qui exercent un sport dangereux doivent tout poser sur une feuille. À ces niveaux de compétition, il n’y a pas de place pour l’improvisation. Tout est dans la maîtrise et la stratégie.

(© Nicolas Jacquemin / La Clef)

Nous avons pu interviewer le joueur de handball Anthony Fabregas, qui nous a révélé ses techniques de visualisation. Pour se préparer avant une compétition, il s’isolait, fermait les yeux, et imaginait un feu qui brûle. Pour relâcher après l’effort, il visualisait plutôt des paysages de bord de mer, de montagne. Vous connaissez d’autres techniques du même genre ?

Il n’y a pas que les images mentales qui fonctionnent, cela dépend de la personnalité de chacun. Tous les sens peuvent entrer en jeu. Je suis à Barcelone en ce moment même pour préparer un pilote à sa course de Formule 1. Lui est très réceptif au bruit et aux sons. Du coup, on travaille là-dessus. On écoute des sons de voiture, de route, de freinage, de moteur afin qu’il sache à quoi ces derniers correspondent. Plus son cerveau intègre ces bruits, plus il agira de manière instinctive au moment du Grand prix.

Il y a un adage qui dit “souris à la vie et la vie te sourira”, vous en pensez quoi ?

C’est un principe de psychologie positive. Voir les choses du bon côté, se projeter et anticiper ce qu’il va se passer de manière positive augmente les probabilités pour que tout se passe bien. Ça ne marchera pas toujours, mais ça ne coûte rien. Dans cette citation, ce qui est important aussi, c’est le sourire. C’est un élément clef des méditants. Les personnes échangent plus facilement et plus généreusement avec un interlocuteur qui sourit.

(© Nicolas Jacquemin / La Clef)

Le regard des autres influe sur la santé mentale ?

Oui. C’est une notion importante de la pleine conscience, du lâcher-prise. Le but est de se détacher du regard des autres, d’apprendre à s’en moquer tout en étant bienveillant. Les gens présomptueux et angoissés réagissent aux événements à un degré trop important, au point de rendre les choses négatives, de dramatiser. Cela a un impact émotionnel fort et tourne à la frustration. Pour se libérer de ça, la bienveillance, l’acceptation du jugement de l’autre sont fondamentaux. Cela demande évidemment beaucoup de travail.

On dit que pour se forger un mental d’acier, il faut s’obliger à sortir de sa zone de confort. C’est quoi la zone de confort ?

Bonne question. La zone de confort est un concept très intuitif et difficile. Je dirais que c’est le fait de se conforter dans une qualité de vie quotidienne dans laquelle on s’épanouit, certes, mais qui fait aussi tourner en rond.
Il n’y a plus de changement, on sait comment les choses fonctionnent et on se contente de ça. C’est là qu’il va falloir créer de la nouveauté. Chercher à s’améliorer, peu importe le moyen, sans forcément se brusquer. Dans le sport, une équipe qui gagne tout le temps connaîtra forcément un changement brutal à un moment. Le mouvement et le changement améliorent les résultats sur le long terme. Dans ce domaine, les préparateurs s’intéressent alors aux nouvelles technologies, embauchent de nouvelles personnes, testent des gadgets… Tout ce qui peut remettre en question est bon pour le mental.

Si l’on ressent une baisse du moral dans son travail, que l’on se sent au bord du breakdown, que faire ?

Il faut se poser à l’écart. D’abord prêter attention au ressenti physique. Est-ce qu’on a l’estomac noué ? Des épaules tendues ? Prêtez-y simplement attention sans vouloir rien changer. Ensuite, posez-vous ces questions : où je suis, qu’est-ce que je fais, qu’est-ce que je ressens ? Là, vous commencez à écrire sur le papier ce qui vous met en colère. Du problème le plus important au plus dérisoire. Noter ses problèmes sur une feuille permet de les hiérarchiser, et cela ouvre une perspective de solution. Quand la tension baisse, le calme arrive et le calme facilite l’attention. C’est avec cette attention que vous trouverez les solutions pour sortir du rouge.

« Accepter la non-perfection, ça enlève la tension. »

Autre situation, plus positive cette fois. Imaginons une personne qui se marie demain. Une astuce pour décompresser ?

La première chose est d’accepter que tout ne sera pas parfait. Il y aura forcément des erreurs. La perfection n’existe pas, surtout avec une centaine de personnes invitées. Chacune augmente potentiellement le risque de ratage. Accepter la non-perfection, ça enlève la tension.

Parlons de méditation. Comment méditer ?

La méditation entraîne l’esprit à être dans l’instant présent. Chez certaines personnes, ça fonctionne très rapidement, au bout de deux ou trois séances. Mais la méditation demande beaucoup de rigueur. En méditant tous les jours pendant deux semaines, on ressent déjà les effets positifs : calme, sérénité, présence. Le mieux est d’être accompagné dès le début de l’aventure. C’est l’avantage de l’application Petit Bambou, c’est comme un coach en méditation, qui explique d’abord pourquoi méditer et comment s’y prendre. Ça donne du sens. Je pense que beaucoup de gens méditent très souvent sans s’en rendre compte. Quand on fait quelque chose tranquillement et calmement, on médite. Même en dégustant un repas, en préparant un café, pendant le trajet jusqu’au travail ou encore en marchant, on peut méditer.

Comment méditer le plus simplement possible, sans avoir trop le temps de s’isoler, par exemple ?

La technique la plus simple, c’est d’avoir conscience de sa propre respiration. Sentir l’air qui entre et ressort des poumons instinctivement, sans vouloir la contrôler. Dans les sports qui se pratiquent en pleine nature, les athlètes méditent sans s’en rendre compte. Pour moi, le sport le plus semblable à la méditation, c’est le surf. Ils ont la sensation de l’air, écoutent le bruit de l’eau, se laissent porter par des éléments qui leur échappent. Dans le ski, c’est presque pareil. Le paysage, le vent, l’air pur permettent de reconnecter avec soi-même.

Méditer permet de se recentrer sur soi-même et de travailler son mental

(© Nicolas Jacquemin / La Clef)

Parlons du mythique Haka. C’est violent, bruyant, presque à l’opposé de la méditation, mais c’est utilisé pour obtenir le même état d’esprit. Comme la méditation, le Haka sera bientôt à la mode ?

Le Haka, c’est magique. Je travaille avec des rugbymen, et après un Haka, ils sont dans un état émotionnel incroyablement positif.
L’ambiance et la cohésion d’équipe créées par cette danse sont géniales. Après un Haka, il flotte une énergie et une atmosphère particulières, en plus du poids sociologique, culturel et identitaire de ce rituel. À l’origine, c’est un cri de guerre. Mais dans le sport, les paroles ont changé et sont moins agressives qu’avant. Je dirai que le Haka est une sorte de méditation active préperformance.

Le mental

(© Wikimédia)

C’est ce que font souvent certains sportifs de haut niveau avant d’entrer sur le terrain, dans les vestiaires. Cela est différent du Haka, mais ça a les mêmes effets. C’est une gestuelle, des rituels pour se mettre dans le match.
Puisque Roland Garros est dans trois semaines, prenons l’exemple de Rafael Nadal. En vestiaire, juste avant le match, on dirait un taureau enragé. Torse nu, il court partout et saute dans tous les sens. C’est une préparation aussi géniale qu’impressionnante.

Vous avez d’autres exemples d’athlètes qui méditent ?

Pour la petite anecdote, c’est Phil Jackson, ancien entraîneur de basket-ball [six fois champion de NBA avec les Chicago Bulls, cinq fois avec les Lakers, ndlr] qui a introduit la méditation traditionnelle dans le sport de haut niveau. Il a fait méditer Michael Jordan et Kobe Bryant, lançant le mouvement dans les années 1990. L’athlète qui médite et en parle le plus, c’est Novak Djokovic. Il a d’ailleurs des succès incroyables, et a atteint un tel niveau que son taux de réussite commence à décroître en ce moment.

Le mental au basket

Roger Federer aussi médite, mais de manière moins classique. Il est branché balade en forêt, pleine nature et activités de relaxation.
Pour revenir au cas de Rafael Nadal, lorsqu’on le voit aligner ses bouteilles d’eau de manière compulsive, ce n’est pas qu’il est maniaque, c’est une prise de contrôle du terrain et de son environnement. C’est aussi ça, la méditation. Dans le football, Edinson Cavani a l’air très intéressant. Il s’exprime très peu, donc on en sait pas beaucoup sur sa préparation mais il est doté d’un mental extraordinaire. Il dégage une sérénité, un sérieux et une intelligence impressionnants. Au football, la méditation est encore assez rare… Au rugby, ça commence à s’installer. Dans le marathon, c’est assez commun pour des raisons culturelles.

À votre avis ? Quelles nouvelles pratiques de préparation mentale vont s’introduire dans le sport ?

La méditation va s’imposer peu à peu et se démocratiser. De plus en plus, je pense que les préparateurs physiques vont intégrer le yoga dans leurs méthodes d’entraînement.

Et vous, quelles sont vos techniques de concentration ? N’hésitez pas à nous les révéler dans les commentaires.

Découvrez à présent notre article complémentaire sur la sophrologie :
La sophrologie, du corps à la performance.

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